Biostimulants Les biostimulants pleins d’ardeur
Dans le secteur des fertilisants, l’innovation est aujourd’hui au niveau des biostimulants. La nouvelle réglementation européenne, qui leur accorde une existence propre, va encore plus les encourager.
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Sur le terrain, les biostimulants font toujours l’objet d’intenses questionnements de la part des agriculteurs, des distributeurs et prescripteurs. Ce n’est pas pour autant que les fournisseurs sont freinés dans leurs ardeurs. Les innovations ne cessent de pleuvoir, validées de plus en plus par une homologation pour attester du sérieux du produit. Même si les délais sont jugés trop longs pour délivrer une AMM. « Ça ne s’est vraiment pas amélioré, l’Anses met un à deux ans pour évaluer les dossiers et rendre une décision », tacle un fabricant de biostimulants qui dépose désormais ses dossiers en Allemagne. « L’autorisation y est accordée en deux mois, puis l’Anses doit se prononcer en reconnaissance mutuelle dans les deux mois. L’Agence est tellement débordée par la reconnaissance mutuelle qu’elle n’arrive plus à traiter les dossiers déposés directement en France. » Marie Turner, en charge de la protection et de la nutrition des plantes au centre de R&D et conseil Vegenov, tempère : « Depuis avril 2019, il y a une simplification des processus d’évaluation de certaines substances naturelles à usage biostimulant, issues de parties consommables de plantes. »
Toujours plus de nouveautés
Quoi qu’il en soit, des nouveautés ont fait leur apparition ces derniers mois. C’est le cas chez des spécialistes des biostimulants et engrais de spécialités, comme Tradecorp (aujourd’hui dans le groupe Rovensa), qui a lancé, aux Culturales, Phylgreen, un extrait d’algue liquide pur à base d’Ascophyllum nodosum, pour « mieux gérer les stress abiotiques et améliorer la qualité et le rendement des cultures », ou Agrimer, qui a reçu une homologation pour son produit Agrocéan Laminactif, « premier biostimulant foliaire formulé à base d’algue laminaire ». Agronutrition vient également d’obtenir trois AMM pour des biostimulants foliaires en grandes cultures (Kaoua, Kaoua Start, Kaoua Oléo) C’est le cas aussi chez des spécialistes des commodités comme Yara. Le leader des engrais en France (voir notre palmarès p. 51) étoffe de plus en plus son offre de solutions foliaires avec sa nouvelle technologie d’activateur de biostimulation Biotryg, dont bénéficient trois nouvelles solutions YaraVita (Biotrac, Biomaris et Nutriboramine Pro).
Les biostimulants microbiens se développent aussi de manière exponentielle. Selon les travaux de Rittmo agroenvironnement (voir infographie), le nombre d’AMM aurait plus que triplé en moins de cinq ans, particulièrement en grandes cultures. Et cela fait des envieux. De Sangosse a pris récemment une participation dans la société tchèque Symbiom de R&D et de production de champignons mycorhiziens symbiotiques, qui fait désormais partie du groupe. La start-up corrézienne Axioma, qui a obtenu plusieurs AMM cette année, vient de lancer une deuxième levée de fonds et recherche 1,5 M€. Autres exemples : Teraxion place ses billes dans Via végétale et Biovitis recentre sa R&D sur son nouveau site de Saint-Beauzire (lire encadrés ci-contre).
L’Europe leader de la réglementation
Mais la meilleure nouvelle pour le secteur est sans aucun doute la réglementation européenne d’application à partir de 2022 (lire p. 55) qui confère aux biostimulants une place au même titre que les autres matières fertilisantes. « L’Europe se positionne incontestablement comme leader sur le développement d’une réglementation sur les biostimulants », se félicite Benoît Planques, président d’Afaïa. Avec une définition, certes un peu rébarbative et dont on fera l’économie ici, mais qui a le mérite d’exister. En tout cas, elle confirme qu’un produit biostimulant se définit par son mode d’action et l’effet revendiqué, et que ses constituants peuvent être de natures variées (extraits de plantes, d’algues, microorganismes…), et utilisés seuls ou en combinaison. De surcroît, ils ont désormais une catégorie fonctionnelle bien à eux, avec une distinction entre biostimulants non microbiens et microbiens. Le nouveau règlement autorise quatre microorganismes : azospirillum, azotobacter, champignons mycorhiziens et rhizobium. « Cela couvre la moitié des produits biostimulants microbiens actuellement autorisés en France, pointe Najat Nassr, chez Rittmo. Mais la liste pourra être étoffée à l’avenir, le règlement prévoyant une procédure pour l’ouverture à d’autres espèces ou genres de microorganismes. »
Cette réglementation sera donc facilitatrice d’innovations, et aura aussi peut-être comme effet positif de désengorger l’Anses. Mais, paradoxalement, elle peut représenter un frein à l’innovation le temps qu’elle soit en vigueur dans deux ans et demi : on peut imaginer que certaines entreprises ne déposent plus de dossiers (coûteux de surcroît) auprès des agences d’évaluation dans l’attente du nouveau système réglementaire. Même si cet effet n’est que transitoire.
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